Pourquoi le bien-être doit être militant?
En créant mon activité, j’étais mal à l’aise à l’idée de parler uniquement de sophrologie.
La sophrologie me passionne, c’est mon métier, mais la séparer de la réalité de la vie, de la société dans laquelle nous vivons, me dérangeait.
Parce que, premièrement, ça n’est pas moi. Je suis militante, je suis féministe intersectionnelle, je suis écolo. Mon cheminement militant a commencé par l’écologie, que j’ai découvert pendant mon école d’ingénieur en agronomie (l’ironie).
Puis j’ai découvert le féminisme. Et en passant de (très) nombreuses heures sur Instagram à suivre de nombreux.ses militant.es féministes, j’ai découvert de multiples systèmes d’oppression qui régissent notre société et nous impactent tous.tes à différents degrés: le racisme, le sexisme, le classisme, l’adultisme, l’agisme, le validisme, la transphobie, la LGBTQIA+phobie, la grossophobie, l’islamophobie, la psychophobie. J’en oublie, et il y en a probablement des dizaines dont je n’ai pas conscience.
Et secundo, toutes ces discriminations sont profondément inscrites dans notre société, dans son système, et par extension, dans nos cerveaux.
En effet, l’être humain se construit par l’apprentissage (coucou les neurones miroirs!), et intègre donc les normes de la société dans laquelle iel grandit.
C’est pour cela que dans les cercles militants, on parle de « déconstruction ». Il s'agit de prendre conscience de phénomènes et de travailler pour casser ces apprentissages, connaissances, mécanismes, biais.
Pour ensuite en reconstruire de nouveaux qui prennent en compte ces systèmes d'oppression.
Bien sûr, la déconstruction n’est jamais terminée, c’est un travail qui s’effectue sur la durée.
J’emploie le mot « travail » en conscience, car il s’agit réellement d’un travail de recherche, d’apprentissage, d’introspection, de remise en question. Ça prend du temps, de l’énergie, c’est une réelle charge mentale.
Tu vas me dire, « quel est le rapport avec le bien-être Simone? ». Et bien tout. Absolument tout.
Le bien-être et le développement personnel, ne peuvent pas être dissociés de la réalité que chaque personne vit, parce que nous sommes ancré.es dans la société (=notre environnement), et que la société est la source de nombreux problèmes individuels, du fait des oppressions dont je viens de te parler.
Les conséquences des oppressions peuvent être par exemple:
- l’anxiété, le stress, la peur;
- la dépression,
- des sentiments de culpabilité et de honte (classisme, grossophobie…),
- une énorme charge mentale,
- des VEO (violences éducatives ordinaires) (agisme),
- des difficultés à être soi-même et à s’accepter,
- et même des troubles comme les TCA (grossophobie).
Et le milieu du développement personnel/bien-être participe souvent à ces oppressions, en ne prenant pas compte les réalités vécues, les souffrances, et autres plafonds de verre.
Dire qu’il suffit de pratiquer la pensée positive à une personne racisé.e, ou de respirer pour ne plus être stressé.e à une personne qui a toute la charge mentale de son foyer, ou de "manifester" des richesses à une personne précaire, c’est nier les discriminations et les rapports de force que les individu.es subissent.
Le bien-être doit s’ancrer dans la réalité, doit prendre en compte les discriminations, les oppressions et leurs conséquences.
Arrêtons de mettre la responsabilité des oppressions sur les individu.es. C’est de la négation, et c’est grave.
Le bien-être doit être militant.
Mic drop.