Pourquoi j’ai choisi d’utiliser l’écriture inclusive?
Tout d’abord, il faut replacer quelques bases de l’histoire de la langue française.
La langue française a été codifiée par l’académie française (à partir du 17ème siècle), une institution composée essentiellement d’hommes blancs riches, et éminemment sexiste. Ce n’est qu’en 1980, après 345 ans d’existence de l’académie, que Marguerite Yourcenar y a été intégrée, étant la première femme à rejoindre ses rangs.
Au fur et à mesure du temps, de nombreux mots féminins ont été supprimés de la langue française, dont notamment énormément de noms de métiers féminins, comme par exemple poétesse, médecine, autrice, peintresse, philosophesse. Cela a eu pour conséquence de supprimer la légitimité des femmes à accéder à ces métiers.
Aujourd’hui, on peut remarquer que les termes féminins de certaines professions sont péjoratifs ou même carrément des insultes (maitre VS maitresse). #DoubleStandard
La langue a une énorme importance dans l’apprentissage, et permet de formater la manière dont nous pensons. Comme tu l’as appris dans mon post sur la phénoménologie, l’apprentissage est déterminant dans la construction des préjugés et des biais.
Or, la langue française exclue les personnes sexisé.es à l’aide de l’utilisation du masculin neutre (= le masculin est l’accord utilisé par défaut). On apprend donc dès le plus jeune âge, que « le masculin l’emporte sur le féminin », qu’un homme dans une pièce de 1000 personnes sexisé.es suffit à invisibiliser toutes ces personnes.
Comme si nous avions moins le droit d’exister dans l’espace public, comme si nous avions moins le droit de prendre de la place. Comme si un seul homme pourrait toujours être supérieur à une infinité de nous.
Les personnes non binaires, dont le pronom n’est pas « il » ou « elle » sont également invisibilisé.es. L’utilisation de pronoms inclusifs comme « ael » ou « iel » permet de faire exister dans la langue les identités de genres qui ne sont pas binaires (à comprendre : 100% masculine ou féminine).
Et moi, un jour, j’ai remarqué que je parlais de mes parents en utilisant systématiquement le masculin neutre: je disais «ils» et je les genrais au masculin pluriel. Comme si ma mère n’existait pas. Comme si ce n’était pas elle qui avait porté 90% de la charge mentale pendant mon enfance, pour me nourrir, m’éduquer.
Dans la même réflexion, ce n’est pas parce que je fais une activité avec mon copain que je n’existe plus. Je n’ai pas à m’auto invisibiliser pour correspondre à des règles de grammaire injustes et définies par des hommes.
Utiliser l’écriture inclusive, c’est se réapproprier la langue, c’est faire en sorte que les personnes sexisé.es qui sont d’habitude invisibilisé.es, puissent de nouveau exister.
Utiliser l’écriture inclusive, c’est revendiquer que j’existe, que je prends autant de place que n’importe quel homme cis.
Personnellement, j’ai été sensibilisée sur ce sujet en grosse partie grâce au compte Instagram de Laeticia Abad Estieu, @cestquoicetteinsulte, qui parle sur son compte de l’étymologie et de l’histoire des insultes. Nombre d’insultes sont oppressives, et Laetitia nous invite à changer nos habitudes.
Pour avoir des informations plus approfondies, sourcées et plus claires, je te conseille d’aller voir les deux postes suivants sur le compte de @cestquoicetteinsulte :
- post du 15 sept 2021 « Comment en finir avec l’académie française »
- post du 25 avril 2021 « Le français est une langue d’hommes »
Quelle est ta réflexion sur l’écriture inclusive? Quel a été ton cheminement? Raconte moi en commentaire!
NB : La grammaire est classiste (oppression de classe) et validité: corriger les gentes sur leur grammaire c’est oublier de prendre en compte que toutes les personnes n’ont pas accès à la même éducation, et qu’il existe aussi des troubles dyslexiques et dysorthographiques.