La phénoménologie : et si on appliquait le non jugement au quotidien?

A l’origine, la phénoménologie est un courant de pensée qui a été fondé par Husserl (philosophe autrichien), au XXème siècle. La démarche phénoménologique consiste alors à appréhender la réalité telle qu’elle se présente, à travers les phénomènes.

Un phénomène, en philo, c’est la manière dont une chose se présente à la sensibilité d’un être vivant.Bon, la philosophie c’est chouette, mais on va pas se mentir, on n’y comprend rien. Ce qui compte, c’est qu’en sophrologie, la phénoménologie c’est hyper important.

En fait, on va essayer d’être objectif.ve, et d’observer les phénomènes qui arrivent. Ces phénomènes peuvent être des sensations (tout ce qui apparait à nos sens, ce qu’on voit, sent, goûte, touche ou entend), des ressentis, des pensées. C’est donc tout ce qui apparait à notre conscience.

Pour atteindre cette objectivité, on va premièrement pratiquer ce qu’on appelle l’epochè: la suspension du jugement.

Le jugement n’est pas obligatoirement quelque chose de négatif. En réalité, c’est le fonctionnement de notre cerveau. Notre conscience capte les informations, et notre cerveau les analyse, les mets dans des cases, pour pouvoir réagir en fonction. Par exemple, si tu vois un tigre qui te fonce dessus, ton cerveau analyse que c’est une situation de danger, et enclenche la réaction de stress pour pouvoir te barrer.

Pour l’instant, tout ce mécanisme parait plutôt fonctionnel. Mais à cela s’ajoute d’autres facteurs: les biais cognitifs, le fait de relier les expériences entre elles, et les apprentissages faits via la société et l’historicité de chacun.e.

- Relier les expériences entre elles permet au cerveau de se faciliter la tâche en rapprochant une situation nouvelle d’une situation déjà vécue. Donc si tu t’es déjà fait.e attaqué.e. par un tigre, tu vas avoir peur à chaque fois que tu vas voir un tigre. Le problème ici, c’est que ce n’est pas objectif. Rien ne dit que le tigre est dangereux, et donc qu’il faut avoir peur.

Bon, ce n’est pas le meilleur exemple, mais tu peux transposer ça à d’autres situations, et on peut appliquer ça à beaucoup de préjugés, si tu vois où je veux en venir.

- Les biais cognitifs sont des schémas de pensée trompeurs qui affectent notre capacité à avoir un raisonnement logique. Les biais cognitifs sont très couramment utilisés en marketing, pour nous pousser à acheter. Il est donc interessant d’en connaitre certains afin de les repérer dans nos schémas de pensée!

-L’apprentissage est une composante essentielle dans la construction du jugement.

Comme tu le sais déjà, l’être humain apprend par imitation, et notre société nous apprend plein de choses merveilleuses, qui font partie de ses systèmes d’oppression préféré.es, comme le patriarcat, la domination blanche etc. Tout ce qu’on apprend (les préjugés, les biais etc) va donc faire partie de ce mécanisme de traitement des informations, et influencer tout ce qu’on pense.

L'epochè, ou la suspension du jugement, consiste donc à prendre conscience de tous ces mécanismes du jugement, et à essayer de ne pas les mettre en place.

Deuxième étape de l’attitude phéno-ménologique: on va accueillir ces phénomènes, sans rien en faire. On ne va pas chercher à faire des liens entre les phénomènes, à trouver une raison pour leur présence. Ils sont là, c’est tout, on les accueille.

On les accueille comme si c’était la première fois qu’ils nous apparaissaient. Et il s’agit en effet, d’une première fois, à chaque fois, parce que tu n’as jamais vécu ce moment auparavant, à cet endroit, à cette date, à ce moment précis. Chaque phénomène est donc nouveau.

Maintenant, imagine si on appliquait cette attitude phénoménologique dans notre quotidien. Imagine, qu’on accueille les autres comme iels se présentent à nous, sans chercher à les définir, à les mettre dans des cases, à les jauger.

Imagine avoir cette attitude tous les jours par rapport à tes propres émotions. Imagine, que tu les accueille juste. Tu les vois arriver, et tu te dis juste « ah ok, il se passe ça dans mon corps, j’accueille. »

Que penses tu que ça changerait dans ta manière de vivre?

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La charge mentale : le poids des décisions